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11/05/2011

LES FRANCAIS SONT DES RALEURS CONGENITAUX

 C’est en lisant le très intéressant ouvrage « Critique amoureuse des Français » du journaliste italien Alberto Toscano, que m’est venue l’idée de reprendre ici un des nombreux thèmes (48 me semble-t-il) abordés par l’auteur.

L’écrivain qui réside depuis plus de 20 ans à Paris s’est intéressé aux nombreuses « certitudes nationales », aux clichés et autres fiertés encrés dans l’imaginaire collectif, et a voulu à travers ce petit livre, tordre le cou aux idées reçues qu’ont les Français d’eux-mêmes.
Parmi donc les grandes idées que notre idéologie nous engage à maintenir (« la France, patrie des droits de l’homme », sa « vocation universelle »,  « la France est en déclin », « Paris, ville lumière »…), il m’a paru incontournable d’évoquer cette (auto) conviction que nous avons, que nous sommes tous des râleurs.

Au delà de l’aspect critique du bouquin qui pourrait sembler aisé et irréfléchi, c’est le point de vue d’un étranger qui connait bien et voue même une grande admiration à notre pays qui apporte une vraie valeur à son discours.
Un « ami » d’un pays voisin, pas si différent du notre, cultivé et jamais à court de références à des articles de presse (vieux d’un siècle ou d’aujourd’hui), de citations d’hommes politiques ou d’anecdotes personnelles, voire d’idées reçues italiennes (les « chaussettes courtes » sont intolérables…).

Ça me rappelle presque quelqu’un, ça… Qui sait si souvent pointer du doigt les travers de notre système administratif, scolaire ou médiatique et maudire les « couillons français » quand ils le méritent…
Voici donc, des 240 pages de ce livre, l’extrait dédié au titre de cet article :

« La France contient trente-six millions de sujets sans compter les sujets de mécontentement » était la première phrase du premier article du premier numéro de la revue La Lanterne d’Henri Rochefort, daté du 30 mai 1868. Cent ans plus tard, en mai 1968, les sujets de mécontentement étaient encore plus nombreux, et les Français étaient dans la rue. Presque cent cinquante ans plus tard, la France est un mélange bizarre de satisfaction et de mécontentement.

Selon un sondage CSA/Le Parisien, publié le 24 novembre 2008 (donc en pleine période de crise économique) les trois-quarts des Français déclarent vivre la vie dont ils rêvaient. A la lumière de cette révélation, qui peut encore affirmer que les Français sont des « râleurs congénitaux » ? En réalité, le vieux stéréotype du Français râleur a laissé la place à une situation plus compliquée. D’un côté, il y a les mécontents perpétuels qui ont appris à cohabiter avec leur mauvaise humeur, et de l’autre, il y a une population qui éprouve surtout l’envie de profiter de la vie. Ainsi, le même sondage affirme que les Français désirent surtout trois choses, à savoir plus d’argent, une meilleure santé et plus de temps libre. Ce besoin d’avoir du « temps pour soi » témoigne d’une certaine satisfaction pour sa propre situation, car la personne qui est mal dans sa peau n’a qu’un seul souhait : que le temps passe vite.

Quant au travail, la satisfaction des Français varie selon les différents secteurs. Un sondage, publié en 2007 par l’Observatoire international des salariés (groupe TNS Sofres), sur la façon dont le travail était perçu dans plusieurs pays du monde, dresse une comparaison entre les Français travaillant dans des entreprises nationales et les salariés de groupes étrangers. Ces derniers expriment beaucoup plus de satisfaction et d’optimisme que les premiers. Ils sont, en effet, 58% à être satisfaits de leur rémunération (pour 45% dans les groupes français) et 48% à penser que leurs efforts sont effectivement récompensés (pour 39% dans les groupes français). Il est aussi très intéressant de noter que 38% seulement des salariés français travaillant pour des groupes étrangers jugeaient en 2007 leur situation comme se dégradant, contre 63% pour ceux qui travaillaient dans les groupes français.

Quant aux jeunes générations, elles sont dynamiques et ouvertes en France comme dans le reste de l’Europe. Le sondage CSA/Le Parisien montre que parmi les Français de moins de trente ans, ils sont 81% à estimer vivre une vie rêvée. Parmi les quinze/dix-sept ans ils sont même 84%. Voila l’idée reçue de certains – celle de l’adolescent mal dans sa peau, « casseur » et violent – mise à mal par le résultat d’un sondage réalisé de façon sérieuse. Les jeunes générations n’ont aucune envie de passer leur temps à râler.

Une chose est évidente : plus les jeunes Français apprendront à profiter des opportunités de travail ou d’étude à l’étranger (comme les séjours universitaires offerts par le dispositif européen Erasmus), plus ils développeront leur dynamisme, leur optimisme et oublieront de râler. Il se peut que les Français du XXIème siècle, comme les autres Européens, soient parfois râleurs (que le lecteur ou la lectrice qui ne l’est jamais lève la main !), mais cette « râlerie » n’est sans doute pas congénitale. Ouf.


J’hésite déjà à aborder prochainement d’autres de ces sujets, tant Toscano a propension à viser juste dans ses textes, et bien dépeindre l’orgueil national et une faculté d’auto-flagellation.

Commentaires

en fait, je dis les "connards français" :)

Écrit par : moi | 26/03/2013

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